Scriabine et Kandinsky, au début du vingtième siècle, sont les deux artistes qui ont les premiers travaillé sur le mélange de deux médiums, le son et l’image.
Kandinsky, à propos de son œuvre Sonorité jaune, indique qu’il utilise trois éléments : le son musical et son mouvement, la sonorité physico-morale et son mouvement, exprimés dans les êtres et les objets, et le son coloré et son mouvement. Il insiste par ailleurs sur le fait que les trois éléments sont subordonnés au but intérieur.
Le sujet étant donné par la nature, Fran et Jim ont décidé de ne pas s’attarder dessus mais de focaliser leur attention sur la recherche formelle dans laquelle réside la véritable création, en prenant le parti d’axer leurs travaux sur le mélange des médiums.
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Fran, à l’aide du mélange entre anciens et nouveaux médiums, met en scène des automates d’art dans de vastes espaces où ils côtoient sons, lumières et vidéos. Chaque élément de ses installations est interactif et répond à l’existence physique du regardeur. L’intermédialité et l’effet de présence ainsi créés le mettent en condition pour éveiller chez lui des émotions impliquantes destinées à recréer du lien.
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Jim, longtemps musicien puis peintre, se consacre à l’art vidéo pour faire se rencontrer ses deux mediums de prédilection : le son et l’image. A l’origine de chacune de ses créations, la musicalité joue un rôle aussi important que l’image et chacune influence l’autre par transmédialité. Il en résulte des vidéos expérimentales où son et image sont tellement indissociables que l’un sans l’autre perdrait tout son sens. A la différence des travaux de Scriabine, Kandinsky ou encore Schoenberg, ni l’image ni le son ne viennent en premier ; les deux médiums prennent naissance dans un même élan créatif.
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Le caractère contrôlé de l’aléatoire ou de l’accident, présent dans chacun de leurs travaux, contribue à déstabiliser le regardeur : alors que ce dernier s’attend à reconnaître l’attribut lié à une forme, l’événement qui survient surprend par son incongruité plastique.